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Priorité des membres de l’Alliance Sahel: résilience aux chocs grâce à la sécurité alimentaire

L’agriculture et le pastoralisme représentent 40 % du PIB régional et emploient entre 60 et 80 % de la population au Sahel. Cependant, la production agricole demeure insuffisante pour répondre de manière adéquate à la demande alimentaire de la population.

Depuis les sécheresses et la famine des années 1973-1974, et malgré une certaine récupération de la production par le développement de l’irrigation, les populations sahéliennes vivent dans une situation d’insécurité alimentaire récurrente, exacerbée par l’instabilité croissante dans de nombreuses régions.

Le changement climatique aggrave cette situation. Plus de 90 % des agriculteurs sahéliens dépendent de l’agriculture pluviale et du pastoralisme pour leurs moyens de subsistance, en particulier dans les zones touchées par l’insécurité. Le manque d’eau et la dégradation des terres affectent 80 % de la population vivant dans des zones arides ou semi-arides.

L’amélioration du rendement, de la compétitivité du secteur agricole ainsi que le soutien à l’adaptation des pratiques agricoles face au changement climatique sont essentiels pour réduire la pauvreté dans la région.

La plupart des scénarios climatiques indiquent que les températures au Sahel augmenteront d’au moins 2°C à court terme (2021-2040), soit un rythme 1,5 fois supérieur à la moyenne mondiale. Or cette région est particulièrement vulnérable à la dégradation des sols et à la désertification.

Le changement climatique devrait entrainer des répercussions économiques significatives pour les pays du Sahel : des pertes du PIB, une baisse des rendements agricoles, une diminution de la productivité du travail, ainsi que des dommages aux infrastructures causés par les inondations.

Bien que les énergies renouvelables représentent une opportunité, leur maintenance technique demeure un défi et l’augmentation de la capacité installée prévue reste inférieure à la croissance de la consommation projetée.

Dans la zone sud du Sahel, la résilience climatique est étroitement liée au maintien du couvert végétal. La compétition croissante pour les terres entre agriculteurs et éleveurs risque d’être exacerbée par les effets du changement climatique et la pression démographique, aggravant les conflits.

Les personnes les plus touchées seront les populations pauvres et les plus vulnérables, notamment les femmes, les jeunes, les minorités ethniques, les groupes nomades, les personnes déplacées et les personnes à mobilité réduite.

Le changement climatique constitue un facteur important pour l’avenir du Sahel. Les chocs climatiques et les phénomènes extrêmes, comme les sécheresses et les fortes pluies, pourraient se multiplier et s’aggraver. Ces évolutions sont aussi associées à d’autres enjeux : croissance démographique accélérée, basse productivité économique et absence de diversification de la production, conflits et crises politiques, tensions intercommunautaires et extrémisme violent. Cette dynamique est source d’appauvrissement des ménages, essentiellement paysans, et provoque des déplacements de population, l’exode de nombreux jeunes et des luttes pour l’exploitation des terres et des ressources naturelles.

Plus précisément, le domaine de l’agriculture représente 23 % du portefeuille total de l’Alliance, correspondant à 6,054 milliards € sur un total de 26,4 milliards, dont la plus grande partie est allouée à des programmes régionaux, principalement au Niger, au Burkina Faso et au Mali. En outre, les interventions de l’Alliance Sahel en matière d’adaptation au changement climatique s’élèvent à 755 millions € dont la majorité a également été affectée à des interventions régionales et actions au Burkina Faso et au Niger.

L’Espagne, en tant que membre de l’Alliance Sahel, soutient également l’importance de la modernisation de l’agriculture et du développement productif ainsi que la prévention et la mitigation des effets du changement climatique. L’AECID a consolidé son expertise sectorielle et géographique par la mise en œuvre de diverses interventions, dont plusieurs cofinancées avec des fonds de l’UE. C’est le cas de l’initiative « DeSIRA », qui promeut l’innovation par la recherche agricole au Niger (5M €), et également du projet dénommé « Convention des Maires » qui, lui, vise à soutenir la planification durable pour la promotion de l’efficacité énergétique en vue d’atténuer le changement climatique (entre autres pays, en Mauritanie avec 1,9M €). L’innovation pour des systèmes agro-pastoraux productifs, résilients et sains est importante et c’est pourquoi le projet « PRISMA » a été mis en place pour favoriser celle-ci en Afrique de l’Ouest, en particulier au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Enfin, le projet d’appui au réseau des Réserves Alimentaires en Afrique de l’Ouest (la plus grande partie au Sahel) a eu pour but de mettre en œuvre la stratégie régionale de stockage d’urgence pour répondre aux crises alimentaires et nutritionnelles.

Reconnaissant son importance en tant que question transversale, l’Espagne, au cours de sa présidence de l’Assemblée Générale de l’Alliance Sahel (2020-2023), a choisi de mettre l’accent sur l’impact du changement climatique sur le développement économique et social, parmi d’autres questions prioritaires pour la région.

Enfin, l’AECID applaudit la création en 2019 du groupe de travail sur le climat de l’Alliance Sahel avec l’objectif de promouvoir l’intégration du changement climatique dans les interventions sectorielles de l’Alliance. Ce groupe constitue déjà une plateforme de partage des connaissances et, en même temps, de capitalisation des nouvelles opportunités de croissance verte et de résilience renforcée. Autant d’atouts pour contribuer à un avenir durable.


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