Protection sociale adaptative (PSA)

La protection sociale traditionnelle aide à protéger les individus contre les risques économiques et sociaux, tels que la perte de revenu due à la maladie, le chômage, la vieillesse ou les accidents du travail. Elle comprend par exemple les allocations familiales, la pension de retraite, l’assurance chômage, l’assurance maladie et invalidité, les aides au logement, etc.

La protection sociale adaptative (PSA) va au-delà de ces mécanismes traditionnels, en ajoutant une dimension de réactivité et de flexibilité pour répondre aux crises et aux chocs imprévus.

Il s’agit par exemple d’élargir temporairement la couverture sociale pour inclure des populations affectées par une catastrophe naturelle ou encore d’anticiper un choc en octroyant un transfert monétaire avant l’arrivée prévue d’une inondation pour permettre aux familles de se préparer.

La protection sociale adaptative renforce donc les systèmes de protection sociale traditionnels en les rendant plus dynamiques, préventifs et intégrés, afin de mieux gérer les crises et renforcer la résilience des populations.

La protection sociale adaptative au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Les épisodes de sécheresse et d’inondation sont de plus en plus fréquentes et sévères au Sahel, l’une des régions les plus pauvres du monde. Ces chocs climatiques s’ajoutent à de faibles moyens de subsistance des ménages, à la fragilité et l’insécurité grandissante.

Dans le contexte sahélien, la protection sociale adaptative est un instrument essentiel pour lutter contre les effets inégaux du changement climatique et renforcer la résilience des membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société.

Les pays du Sahel ont démontré leur volonté de renforcer la protection sociale et de développer des systèmes de protection sociale adaptative. Si chaque pays a progressé selon sa propre trajectoire, tous disposent au moins d’un filet social et de plusieurs programmes de protection sociale, contributifs et non contributifs. Cependant, la couverture globale de ces programmes reste faible, variant entre 6 et 20 %, comparée à une moyenne mondiale de 47 %. Cette faible couverture reflète également des dépenses publiques limitées dans ce secteur. Jusqu’à présent, les cadres politiques relatifs aux filets sociaux se sont davantage concentrés sur les problèmes chroniques, comme la lutte contre la pauvreté structurelle et la vulnérabilité, plutôt que sur des risques spécifiques, tels que la sécheresse ou les inondations.

L’impact des programmes de PSA

Des études d’impact démontrent que la protection sociale adaptative au Sahel a de nombreux impacts positifs, tant sur le bien-être des ménages que sur l’ensemble de la société. C’est un investissement très rentable.

La PSA au Sahel peut avoir des impacts majeurs sur la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la productivité et la résilience des bénéficiaires ; combinés à des impacts plus amples sur l’économie, la société et les générations futures.

Par exemples :

• En Mauritanie, la PSA a entraîné une augmentation de 29 % des revenus, ainsi qu’une diversification des activités, ajoutant des activités non agricoles aux activités agricoles et pastorales habituelles. La PSA renforce la résilience des ménages en les aidant à maintenir leur consommation et leur utilisation des services de base pendant les crises, plutôt que de vendre leurs biens pour survivre.

• Au Niger, lors d’une sécheresse, les ménages bénéficiaires ont maintenu leur niveau de consommation, contrairement aux non-bénéficiaires, qui ont dû le réduire de 24 %.

• Au Mali, les filets sociaux ont augmenté de 56 % les chances qu’une adolescente scolarisée passe en classe supérieure.

• Au niveau des communautés, la PSA favorise le développement économique local. Chaque dollar investi augmente les revenus de l’économie locale de 1,3 à 2,5 dollars. Elle est aussi un facteur important d’inclusion et de cohésion sociale.

Parole aux bénéficiaires de programmes de PSA

Engagements des membres de l’Alliance Sahel pour la PSA

Les initiatives sahéliennes de sécurité sociale sont soutenues par les membres de l’Alliance Sahel. Grâce à cet appui, de 2018 à 2022, plus de 1,5 million de personnes ont bénéficié de filets sociaux.

L’un des plus importants programmes mis en œuvre par les membres de l’Alliance Sahel est le SASPP (Sahel Adaptative Social Protection Program), un fonds fiduciaire multi-bailleurs géré par la Banque mondiale, auquel plusieurs membres de l’Alliance Sahel contribuent financièrement.

En décembre 2023, sous la présidence allemande et de la Banque Mondiale de l’Alliance Sahel, un groupe de coordination a été créé pour renforcer la compréhension, la coordination et les approches communes des membres en matière de protection sociale adaptative. L’objectif est de soutenir l’augmentation de la couverture de la protection sociale adaptative au Sahel, ainsi que l’amélioration de la cohérence et de la convergence des programmes liés à la PSA.

Lire la note de position du groupe de coordination temporaire sur la protection sociale adaptative (PSA) au Sahel (mai 2024)